Une prothèse unicompartimentale (PUC) du genou permet de traiter chirurgicalement l’arthrose (usure du cartilage) du genou (gonarthrose), si cette arthrose reste isolée sur un compartiment du genou (interne, ou externe)
La mise en place d’une prothèse unicompartimentale du genou ne s’envisage qu’en cas d’échec du traitement médical (traitement anti-inflammatoires, traitement protecteur du cartilage, conseils d’hygiène articulaire (éviter le surpoids, le port de charges lourdes, les impacts et compression au niveau de l’articulation, entretien par rodage articulaire = vélo…), infiltration de cortisone, infiltration d’acide hyaluronique (visco-supplémentation)). Le but de la prothèse unicompartimentale du genou est de retrouver un genou indolore et mobile, la prothèse unicompartimentale peut permettre de retrouver un genou « normal ».
Une prothèse unicompartimentale ne peut être proposée que lorsque certaines conditions sont présentes : une usure unicompartimentale, un ligament croisé présent et fonctionnel, l’absence de surpoids majeur, une mobilité préopératoire suffisante.
Une prothèse unicompartimentale du genou est formée de plusieurs parties :
Un implant fémoral qui va remplacer le cartilage usé du fémur sur sa partie interne ou externe, cet implant fémoral est ajusté au fémur et se fixe à l’os par un ciment acrylique ou par impaction seule
un implant tibial, qui va remplacer le cartilage usé du tibia sur sa partie interne ou externe, ajusté au tibia et fixé à l’os par vis ou ciment (résine) La prothèse laisse en place les attaches musculaires et les ligaments interne et externe du genou, le ligament croisé antérieur.
Gonarthrose fémoro-tibiale médiale isolée
même patient prothèse médiale en place / vue de face
même patient prothèse médiale en place / vue de profil
Formes et matériaux de la prothèse de genou
La forme et la taille de votre prothèse sont choisies parmi une gamme complète avec des tailles variables, permettant d’ajuster au mieux la prothèse à votre fémur et votre tibia. L’épaisseur de l’implant tibial est aussi variable, permettant d’assurer une bonne stabilisation articulaire L’implant fémoral est en alliage chrome-cobalt, l’implant tibial est en polyéthylène de haute densité.
Exemple de prothèse fémoro-tibiale médiale
Durée de vie d’une prothèse de genou
La durée de vie d’une prothèse est de 15 ans en moyenne. De nombreux facteurs peuvent cependant modifier la durée de vie de la prothèse (surpoids, activité physique, activité professionnelle, traumatisme, infection…). Une prothèse unicompartimentale du genou peut être changée (usure, descellement, infection, douleurs…). Elle peut être changée par une prothèse totale du genou.
Une prothèse doit être surveillée, même si « tout va bien », un examen clinique et radiologique est nécessaire 1 mois 1/2 après la chirurgie, 1 an après, puis tous les 3 ans, ou si un symptôme inhabituel apparaît et ne disparaît pas avec un traitement médical adapté, ou après un traumatisme important au niveau du genou.
Préparation à la chirurgie
Un bilan sanguin (numération formule sanguine) sera demandé.
Un bilan dentaire (recherche de foyers infectieux dentaires et traitement de ceux-ci), est obligatoire avant la chirurgie prothétique, pour limiter le risque infectieux.
La préparation fonctionnelle : la pratique du vélo d’appartement, la marche avec une ou deux cannes qui évitent une boiterie et une fatigue musculaire préopératoire, permet une rééducation post-opératoire plus aisée.
Votre mode de vie (lieu d’habitation, entourage, soins infirmiers et kiné à proximité…) doit être pris en compte pour préparer votre retour à domicile ou choisir un centre de rééducation.
La préparation médicale nécessite une consultation avec l’anesthésiste dans le mois qui précède l’intervention.
L’intervention
Elle dure environ 60 minutes. Elle est réalisée sous anesthésie générale ou péri durale, éventuellement complétée par un bloc : anesthésie locale des nerfs de la jambe. Le bloc permet de limiter les phénomènes douloureux post-opératoires. Les ligaments interne et externe, le ligament croisé antérieur les attaches musculaires sont préservés. Le fémur et le tibia sont préparés en enlevant le cartilage usé, de manière à ajuster la prothèse.
En fin d’intervention, une infiltration de Naropène (anesthésique local) peut être réalisée au niveau de la capsule articulaire et des tissus sous cutanés, pour limiter les douleurs post-opératoires.Le genou n’est pas immobilisé.
Suites opératoires
Le lever est autorisé en appui complet sans attelle, mais sous couvert de deux cannes, pendant quelques jours.La rééducation est immédiate, consistant principalement à retrouver la mobilité articulaire, en flexion et extension, et à retrouver une force suffisante au niveau du quadriceps pour verrouiller le genou. Le retour à domicile est possible 2 jours après l’intervention sous réserve d'évolution favorable. Des pansements de propreté seront refaits 2 fois par semaines jusqu’à cicatrisation complète. La rééducation est poursuivie pendant 2 mois, soit à domicile, soit en cabinet de kinésithérapeute, soit en centre de rééducation. La conduite est autorisée à partir de 45 jours après l’intervention. L’évolution définitive est à prévoir entre 2 et 6 mois après l’intervention. Le premier rendez-vous post-opératoire est prévu 1 mois 1/2 après l’intervention.
Que puis-je faire avec ma prothèse ?
La prothèse permet de retrouver une autonomie de marche indolore, une mobilité normale du genou. La fonction du genou opéré par prothèse unicompartimentale du genou est la fonction d’un genou normal. Toutes les activités sportives sont possibles, mais toute activité avec impact et compression est à risque d’usure rapide ou de descellement
Risques et Complication possibles
Un certain nombre de complications peut parfois survenir. Elles restent rares voire exceptionnelles pour certaines. Sans être exhaustif, on peut citer :
Lors de la chirurgie :
Elles peuvent survenir lors de la mise en place de la prothèse. Elles peuvent nécessiter la réalisation d’une ostéosynthèse ( fixation osseuse par une plaque) et elles peuvent retarder l’appui de quelques semaines, le temps de la consolidation.
Le tendon rotulien peut être fragilisé pendant l’intervention, parfois rompu. Cela nécessite une réparation qui limite la rééducation dans les suites post-opératoires et limite la fonction de la prothèse en mobilité.
Les nerfs au voisinage de la prothèse, et en particuliers le nerf sciatique poplité externe, peuvent être endommagés, très rarement. Ces lésions nerveuses peuvent être temporaires et s’améliorer avec le temps, avec la prise de traitement type cortisone ou vitamines. Ces lésions peuvent être définitives et laisser persister des troubles sensitifs, ou une perte de mobilité au niveau de la cheville, entrainant une boiterie à la marche, parfois corrigée par le port d’une attelle.
Une artère au voisinage de la prothèse (artère poplitée) peut être lésée pendant l’intervention, et peut nécessiter un geste de réparation chirurgicale en urgence (suture ou pontage artériel)
Après la chirurgie :
La phlébite (caillot de sang dans une veine) est principalement due à l’alitement prolongé dans les suites de l'intervention. Elle peut entraîner une embolie pulmonaire qui est une complication grave, mais rare.
Un traitement préventif est systématiquement appliqué, avec des injections sous-cutanées d'anticoagulants dès l'intervention et pendant 1 mois. Le port de bas de contention est nécessaire pendant 1 mois pour diminuer également le risque de phlébite ainsi que le lever précoce dès le lendemain ou le soir de l’intervention. Malgré toutes ces mesures de prévention, une phlébite peut cependant se produire. La meilleure prévention reste la marche +++
Le traitement des varices à titre préventif peut être parfois nécessaire.
L'infection sur prothèse.
La prothèse unicompartimentale du genou est un corps étranger et peut donc favoriser une réaction inflammatoire autour d’elle, créant ainsi le terrain favorable pour une infection. L’infection survient dans 0,3 à 1,5% des cas.
De nombreux facteurs de risque existent et augmentent le risque: obésité, patient immunodéprimé, diabète, tabagisme, consommation excessive d’alcool, mauvaise hygiène cutanée, absence de préparation cutanée préopératoire, antécédents chirurgicaux au niveau du site opératoire…
L’origine de l’infection peut être multiple :
elle peut trouver son origine au moment de l’intervention, soit par contamination directe par l’air ou le matériel utilisé,
l’infection peut se faire par transmission à partir d’une infection locale cutanée (abcès, plaie, ongle incarné…) ou à partir d’une autre infection superficielle
l’infection peut se faire par « contamination hématogène » (à partir des germes qui circulent dans le sang), avec comme point de départ toute infection profonde non traitée (dentaire, urinaire, digestive, sinus…).
l’infection peut être réactivée à partir d’un foyer infectieux latent mais déjà présent au niveau du site opératoire, dans le cadre d’une chirurgie antérieure.
L’infection peut être superficielle, retard de cicatrisation. Elle est précoce après la chirurgie. La cicatrice est inflammatoire, douloureuse, parfois ouverte, avec un écoulement. Le traitement peut être un lavage articulaire permettant de réaliser des prélèvements pour examen bactériologique, pour adapter le traitement antibiotique au germe retrouvé.
L’infection peut être profonde, et peut alors être précoce mais aussi tardive. La fièvre n’est pas obligatoire, mais le genou est douloureux, parfois chaud, avec un épanchement articulaire, la prothèse parfois descellée, des signes biologiques montrent la présence de phénomènes inflammatoires évolutifs. Dans ce cas, un changement de la prothèse unicompartimentale du genou peut être proposé, pour éliminer le film bactérien déposé sur la prothèse (Slime). Ce changement peut être réalisé en « un temps », avec repose d’une autre prothèse du genou dans le même temps opératoire, ou en « deux temps », la prothèse est enlevée, et la nouvelle prothèse n’est reposée que quelques semaines après un traitement antibiotique.
Un traitement antibiotique adapté au germe retrouvé sera prescrit, d'abord par voie intraveineuse, puis par voie orale pendant plusieurs semaines. Le choix du traitement adapté : type de chirurgie, traitement antibiotique, durée du traitement, surveillance, est réalisé en concertation avec un médecin spécialiste des maladies infectieuses.
Après la chirurgie, à distance du geste opératoire :
La raideur peut être en flexion ou en extension.
La raideur en flexion peut être traitée par une mobilisation sous anesthésie générale avant le premier mois post-opératoire, si la rééducation bien menée n’a pas permis de progrès. Si la raideur en flexion persiste (<90° de flexion) ou si la raideur est en extension, 3 mois après l’intervention, une arthrolyse peut être programmée, soit sous arthroscopie, soit en ouvrant le genou, elle sera suivie d’une rééducation rapide et d’une éventuelle attelle de posture.
Une prothèse totale du genou peut laisser persister quelques douleurs, parfois liées à une inflammation des ligaments interne ou externe, parfois dans le cadre d’une réaction inflammatoire plus globale, appelée algo-neuro-dystrophie. Cette réaction peut être responsable de douleur prolongée, de raideur articulaire, d’inflammation du genou, et elle peut retarder l’évolution définitive de quelques mois. Une prise en charge en centre antidouleur peut s’avérer parfois utile.
La douleur peut être aussi le signe d’une infection, d’un descellement …
Une douleur inhabituelle, prolongée, ne cédant pas avec un traitement médical adapté, doit amener à une nouvelle consultation pour la réalisation d’un bilan clinique, radiologique, biologique, scintigraphique, pour établir un diagnostic précis et trouver le traitement adapté.
Le descellement d'une prothèse est la perte de stabilité de la prothèse à l’os. Ce descellement est en général un facteur évolutif plutôt qu’une complication, en effet, il est souvent lié à une usure de la prothèse. Il est responsable d’une douleur à la marche. A partir du moment où le descellement apparaît, aucun traitement médical n’est possible et l’évolution spontanée se fera vers l’aggravation progressive des douleurs et de la boiterie à la marche. Le traitement est chirurgical par un changement de la prothèse unicompartimentale du genou.
Il faut toujours suspecter une infection pouvant être la cause du descellement.
Tout ce qui bouge s’use, la prothèse peut donc s’user avec le temps. Une usure importante peut entraîner un descellement et peut nécessiter de changer la prothèse.
La rupture d'un implant est très rare, mais elle peut survenir. Cela nécessite alors un changement de la prothèse totale du genou.
Le genou peut se dégrader au niveau du compartiment non opéré, avec apparition d’une arthrose invalidante du compartiment non prothèsé. La prothèse unicompartimentale du genou peut alors être changée en prothèse totale du genou.